Les diplomates burkinabè rappelés en septembre par Ibrahim Traoré ont quitté la Côte d’Ivoire fin décembre, marquant une nouvelle étape dans la détérioration des relations entre Ouagadougou et Abidjan. Cette décision intervient dans un contexte de tensions prolongées entre le président burkinabè et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara.
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La discorde rappelle les relations tumultueuses entre Thomas Sankara et Félix Houphouët-Boigny, deux figures historiques aux visions divergentes. Ibrahim Traoré, qui se revendique de l’héritage sankariste, n’a pas hésité à s’opposer frontalement à Alassane Ouattara. Les tensions se sont amplifiées après l’affaire des gendarmes ivoiriens détenus au Burkina Faso. Ces militaires, arrêtés sous prétexte d’infiltration, ont finalement été libérés en décembre, grâce à une médiation menée par le Togo.
La décision de rappeler les diplomates burkinabè illustre une rupture diplomatique significative. Le départ des membres de l’ambassade et des consulats burkinabè d’Abidjan symbolise une volonté claire de réduire les échanges officiels entre les deux pays. Cette situation crée une atmosphère de méfiance qui risque de compliquer les relations commerciales et humaines entre les deux nations, historiquement interdépendantes.
Pourtant, les enjeux partagés restent nombreux. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso font face à des défis communs liés à la sécurité régionale, notamment la lutte contre les groupes armés djihadistes qui menacent le Sahel et l’Afrique de l’Ouest. Ces défis nécessitent une coopération étroite, mais les divergences politiques rendent tout rapprochement improbable à court terme.
En Côte d’Ivoire, le départ des diplomates burkinabè est perçu comme un affront direct. Du côté burkinabè, cette décision est justifiée par une volonté de réorganiser ses représentations diplomatiques et d’affirmer sa souveraineté face à ce qui est considéré comme une ingérence d’Abidjan dans les affaires intérieures du Burkina Faso.
L’histoire des relations entre les deux pays montre que ces tensions ne sont pas nouvelles, mais la dynamique actuelle, marquée par le style direct et parfois conflictuel d’Ibrahim Traoré, représente un défi supplémentaire. Alors que le Burkina Faso cherche à diversifier ses alliances, notamment avec des partenaires non traditionnels comme la Russie, la Côte d’Ivoire maintient son alignement avec les partenaires occidentaux, creusant davantage le fossé idéologique.
Pour les observateurs, ces frictions illustrent les défis plus larges de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Le climat tendu entre Ouagadougou et Abidjan pourrait freiner des initiatives de coopération au sein de la CEDEAO et compliquer la réponse collective aux problèmes de sécurité et de développement dans la région.
L’avenir des relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire reste incertain, mais une chose est claire : le départ des diplomates burkinabè d’Abidjan marque une étape cruciale dans une crise diplomatique qui pourrait s’aggraver si les deux dirigeants ne trouvent pas un terrain d’entente.
La rédaction